ROSSINGTON COLLINS BAND: Live in Atlanta 1980

Musicians:

Dale Krantz - lead vocals
Gary Rossington - guitar
Allen Collins - guitar
Barry Harwood - guitar & vocals
Billy Powell - keyboards
Leon Wilkeson - bass
Derek Hess - drums

Titles:

CD1 :
1. Radio Announcer Intro
2. Prime Time
3. Opportunity
4. Misery Loves Company
5. One Good Man
6. Band Introduction
7. Winners & Losers
8. Getaway
9. Three Times As Bad
10. Don't Misunderstand Me
11. Sometimes You Can Put It Out

CD2 :
1.
Radio & Stage Announcements
2. Free Bird

Pourquoi chroniquer un concert vieux de plus de trente cinq ans? Tout d’abord, parce que les enregistrements en public du Rossington Collins Band ne courent pas les rues. Ensuite, parce qu’il s’agit là d’un document historique, véritable témoignage de la résurrection des survivants du crash maudit qui a fauché Lynyrd Skynyrd en pleine gloire. Même si le Rossington Collins Band n’a pas vécu très longtemps, il n’en est pas moins un groupe important par sa musique, bien sûr, mais aussi par le symbole qu’il véhicule. En effet, il compte dans ses rangs quatre anciens membres de Lynyrd Skynyrd : les guitaristes Gary Rossington et Allen Collins, le bassiste Leon Wilkeson et le pianiste Billy Powell (le batteur Artimus Pyle devait aussi faire partie de l’aventure mais, s’étant brisé une jambe dans un accident de moto, il a demandé à ses potes de continuer sans lui).

On a souvent considéré à tort ce combo comme un sous-Skynyrd, sorte de sursaut pathétique de rescapés cherchant à reconquérir une gloire tragiquement perdue (la presse spécialisée a d’ailleurs largement contribué à cette opinion négative). Au contraire, ce groupe faisait preuve d’une démarche originale, notamment avec la présence de la chanteuse Dale Krantz aux capacités vocales étonnantes. Et puis, on oublie aussi un peu rapidement l’énorme impact qu’a eu cette formation sur les fans de rock en Amérique et dans le monde entier. En se replaçant dans le contexte de l’époque, cela a dû être un sacré événement car, quelques années auparavant, personne n’aurait misé un dollar sur le retour hypothétique de ces musiciens. Quoiqu’il en soit, ce show a eu lieu le 31 décembre 1980 et présente l’intégralité du premier album du groupe et une version instrumentale de « Free bird ». Le son est très correct pour une retransmission radiophonique et, chose assez rare à l’époque, rend justice aux guitares qui pètent des flammes. La tradition sudiste est respectée avec l’adjonction d’un troisième gratteux, Barry Harwood. Le groupe dégage une sensation incontestable d’homogénéité et Dale Krantz fissure les enceintes de la sono avec sa voix rauque et puissante. Bien sûr, au niveau de la composition et des solos, certains titres évoquent le défunt Lynyrd Skynyrd (« Prime time », « Misery loves company » et « One good man » avec sa rythmique hypnotique proche de celle de « I got the same old blues » du grand JJ Cale, sur l’album « Gimme back my bullets »). Mais la comparaison doit s’arrêter là comme le prouvent les autres morceaux (« Opportunity », « Winners and loosers »). Au cours du show, Dale Krantz présente les musiciens en commençant par Gary Rossington, Allen Collins et Leon Wilkeson. Elle déclenche immédiatement une ovation du public. Curieusement, elle attendra le morceau suivant (« Getaway » avec le sustain incomparable de Gary Rossington) pour présenter Billy Powell. « Three times as bad » décroche la médaille du slow qui tue avec toutes ces superbes guitares et Dale Krantz qui se prend pour Janis Joplin (après tout, elle en a les moyens). Le groupe balance ensuite son hit, « Don’t misunderstand me », qui cartonne fortement et finit avec « Sometimes you can’t put it out » et son solo de batterie. Un annonceur fait patienter le public puis lance le décompte de la nouvelle année. Des pétards claquent de partout et les commentateurs radio expliquent que le champagne coule à flots sur scène. Dale Krantz fredonne « Auld Lang Syne » (« Ce n’est qu’un au-revoir ») et souhaite à tout le monde une heureuse année 1981. Puis, l’émotion éclate avec une énorme version instrumentale de « Freebird », commençant par une intro de piano dont Billy Powell avait le secret. Allen Collins affiche une forme étincelante, même s’il prend quelques libertés avec ses solos d’origine, et on ne manque aucun plan de la basse ronflante de Leon Wilkeson pendant le final. En résumé, ça fait mal !

Ce soir là, pour tous ceux qui étaient présents ou qui avaient l’oreille rivée à leur poste de radio, cela a été une excellente façon de débuter l’année. Ils doivent certainement tous s’en souvenir avec la nostalgie accrochée au cœur. Qui aurait cru cela possible ? Tous les espoirs étaient permis. Malheureusement, ce phénix ressuscité de ses cendres ne volera que très peu de temps et succombera aux coups du destin (Allen Collins en fera particulièrement les frais avec la mort de sa femme enceinte, victime d’une hémorragie). De cette tentative malchanceuse, il reste deux albums et quelques shows sauvés de l’oubli, dont celui du 31 décembre 1980 à Atlanta. Ce concert prouve que ces musiciens talentueux avaient encore beaucoup de choses à offrir au public à l’époque. Fort heureusement pour nous, ces mecs ont bravé la destinée et ont continué à faire de la musique. Mais ça, c’est une autre histoire !

Olivier Aubry